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[LP] Schwey – Schwey 2 Cyber Soul | INDIEMUSIC
C’est en mars 2019 que sortait « Schwey », premier album d’un groupe affublé du même nom. Empli de groove et oscillant constamment entre la ferveur funk et la douceur soul/RnB, le disque – resté relativement confidentiel en Europe – montrait à quel point ces amis canadiens étaient capables de développer un univers extrêmement soigné. Après un EP essentiellement instrumental – « Korenteen » – publié en pleine pandémie, Schwey fait son retour dans un LP sobrement nommé « Schwey 2 : Cyber Soul ».
C’est début mai que Schwey amorçait réellement son retour avec la publication d’un nouveau single – « Who Says ». Comme une session jam, le groupe nous donnait l’impression de nous trouver avec eux, au milieu de leurs improvisations et répétitions grâce à un titre qui annonçait le retour aux ambiances funk douces et soignées.
Mais c’est sur la dense rondeur de la basse de « Podcast » que l’album s’ouvre en réalité. Avec une batterie bien en place, qui ira jusqu’à se muer par moments en boîte à rythme inarrêtable, le track s’impose d’emblée comme l’un des morceaux plus efficaces parmi les onze proposés.
Finement produit, on y retrouve bien l’essence funk déjà présente au sein du premier album, mais la première chose qui diffère ici, c’est l’intensité du tempo vers laquelle le groupe nous entraîne. On navigue de l’élégance de l’amorce vers des rythmiques extatiques plus brutes. L’alternance de ces deux ambiances mènent à un titre soul/RnB empli de groove décrivant bien toutes les possibilités dont les quatre canadiens sont capables.
À ses débuts, Schwey – formé par Jacob Schwinghammer et Isaiah Dobbs à Vancouver – a construit son essence soul au sein d’une scène underground et indépendante variée, évoluant aussi bien à proximité de groupes à l’énergie punk que d’univers rap ou électronique affirmés. Ce second album en est sans aucun doute la démonstration la plus prégnante.
L’ambiance immédiatement électro-jazz de « Was It You » ou « Love You Always » montre que le groupe canadien a souhaité opérer un virage plus dansant encore au fil de ce nouveau disque. Sans oublier de parsemer de-ci de-là nombre de détails sonores et douces notes de claviers construisant cette puissance groove si grisante à l’écoute, et ainsi conserver l’essence funk qui est la leur, Schwey explore une part encore peu développée de ses influences musicales.
« Sweat » ou « Something I Know’s I’ve Got To Change » s’aventurent même vers des atmosphères ouvertement house et club, avec une obsession marquée pour la répétition, la profondeur exacerbée de basses vrombissantes ou l’accumulation sans fin de tintements de cymbales et de charleston. Pas de doute, Schwey évolue dans son exploration musicale et cherche à nous faire transpirer.
« La sensation d’un groove qui vous traverse d’un pied à l’autre et vous fait vous mouvoir dans toutes les directions », voilà comment Schwey décrit la musique qu’ils composent. Au même titre que le premier titre de ce disque, « Special » en est la preuve. De tempos endiablés en ruptures rythmiques, le morceau couple la douceur du flow de la voix de son chanteur à un amoncellement de vigoureux toms de batteries. Les notes de guitare funky construisant la mélodie en trame de fond résonnent quant à elles comme une signature sonore propre au groupe et immédiatement perceptible à l’écoute.
Le collectif canadien n’oublie pas quelques retours aux atmosphères plus tendres et chill, comme sur « Cybersail ». Cette douce croisière pleine d’élégance nous permet de renouer avec la douceur entrevue sur le premier opus, en partie encore grâce à la partition vocale séduisante de son auteur. Très varié, notamment par l’insert d’une dimension électronique encore peu explorée jusqu’ici, et à la fois mené par une trame commune mettant le groove au cœur de ses préoccupations, « Schwey 2 : Cyber Soul » est un album qui permet la transition vers les beaux jours en toute élégance.
Connus pour leurs prestations live ultra énergiques, faisant la part belle à la variété de leurs arrangements, on ne peut que souhaiter à Isaiah Dobbs, Jacob Schwinghammer, Jarah Dobbs et Christopher Bedé, de retrouver très vite le chemin des salles de concert. En espérant qu’un détour en Europe soit prévu dans les prochains mois. D’ici là, ce nouvel album de Schwey saura occuper nos jours et nos nuits…